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Requins à La Réunion

-une tragédie moderne-

Mako sharl at CoP18, by JF Nativel for IWCM

 text written for the IWMC Global Symposium, Geneva, 2020, 25, 26, 27 February

Cop18 has revealed with unprecedented force the influence of NGOs on political decisions. It reveals that we are for the protection of nature, but the influential NGOs are against its exploitation at the expense of necessary and sustainable trade, or even food security.

 The media alarmism maintained about the disappearance of terrestrial and marine animals maintains an anxiety in the opinion which makes it possible to accept urgently and without reflection measures of protection, freed even from scientific data.

 The negation of the rebuilding of the stocks of many species, and the generalized exaggeration leads us to think that their action is no longer part of the common good and indeed that of a "fake movement".

 The case of the protection of the Mako shark at Cop18 has shown that even the rational data of the respectable scientists of the FAO can be trashed, insofar as they do not go in the direction of "all protection". We can legitimately ask ourselves the question of the usefulness of the work of these official bodies, when we see how these NGOs are able to "twist science". It is disturbing to note that the power to adopt protective measures now seems to be much more the responsibility of NGOs than that of the states, which they now seem to replace.

 It is a question for these organizations of ensuring the maintenance of the donations at a significant rate, while increasing their influence, which has nothing to do with being “non-governmental”. Indeed, their action falls directly within the framework of geopolitical issues in the service of the interest of a group of states.

 It was enough to see how, in a perfectly coordinated manner, it is always the same countries that ask for protection measures, and always the same others that fight to try to maintain access to an essential resource. This is illustrated by the document presented by Antigua and Barbuda to avoid further listing of marine fish species until the conservation effects of the previously listed species have been properly evaluated. We felt like we were facing a third world war. The question then arises as to whether behind all of this, would it not also be to contribute to the development of all the alternative supply chains (synthetic meat for example) for animal products, behind which we find often the giants of GAFA?

 Growing concerns around the marine environment now cause fish to take a growing place in large entities. The shark also benefits from the status of predator, and as such is one of the totems of nature. Most shark species are doing well, but NGOs are deaf to field data. The protection of sharks has been a very lucrative business for 20 years, and the strong image of these fish in public opinion, always presented as on the verge of extinction, ensures them every time a wide mobilization. It is time that the real data on these fish can be made available to the general public so that reason can take precedence over the emotion when it comes to this species.

 NGOs in the United States are currently succeeding in having the fin trade permanently banned, against the advice of NOAA scientists, destroying 20 years of exemplary management of shark fisheries in that country. Indeed, the end of the fin trade will lead to the end of the fisheries because the meat alone is not profitable enough. And as the demand for this product remains strong in the United States, scientists fear, every time, that poaching will replace legal practices, in order to meet supply. The same situation is found each time when it comes to products emanating from emblematic animals with stocks having been well reconstituted, such as the elephant. Once again, the action of the NGOs will bring consequences against which they are however supposed to fight.

 All these elements lead all the countries victims of these acts to ask the question of the legitimacy of CITES, to the extent that this organization seems to have lost control, and therefore, vis-à-vis its members, the legitimacy of the decisions adopted. When an authority of such a level finds itself in such a situation, faced with such questioning, it seems necessary to urgently adopt new rules in order to find an ethic and a serenity allowing to respond to the balance sought between the necessary preservation of species and that of trade.

Jean François NATIVEL, La Réunion, 02,23,2020

 (version francaise)

La Cop18 a révélé avec une force inédite l’influence des ONG sur les décisions politiques. Si nous sommes tous pour la protection de la nature, mais nous sommes contre son instrumentalisation au détriment des d’échanges commerciaux nécessaires et durables, ou encore de la sécurité alimentaire.

  L’alarmisme médiatique entretenue au sujet de la disparition des animaux terrestres et marins entretien une angoisse dans l’opinion qui permet de faire accepter dans l’urgence et sans réflexion des mesures de protection, s’affranchissant même des données scientifiques.

  La négation de la reconstitution des stocks de nombreuses espèces, et l’exagération généralisée nous amène à penser que leur action ne s’inscrit plus dans le cas du bien commun et bien dans celui d’un « fake movement ».

 Le cas de la protection du requin Mako à la Cop18 nous a montré que même les données rationnelles des respectables scientifiques du FAO peuvent être balayées, dans la mesure où elles ne vont pas dans le sens d’un « tout protection ». On peut d’ailleurs légitimement se poser la question de l’utilité du travail de ces instances officielles, quand on voit comment ces O.N.G. sont capables de « tordre la science ». Il est inquiétant de constater que le pouvoir d’adoption des mesures de protection semble être bien plus désormais du ressort des ONG que de celui des états, auxquels elles semblent désormais se substituer.

  Il s’agit pour ces organisations d’assurer le maintien des donations à un taux important, tout en accroissant leur influence, qui n’a d’ailleurs plus rien de « non-gouvernemental ». En effet, leur action s’inscrit directement dans le cadre d’enjeux géopolitiques au service de l’intérêt d’un groupement d’états.

  Il a suffi de voir comment de façon parfaitement coordonnée, ce sont toujours les mêmes pays qui demandent des mesures de protection, et toujours les mêmes autres qui se battent pour tenter de maintenir l’accès à une ressource essentielle. Le cas de l’amendement de Trinité-et-Tobago visant à faire cesser l’étude de l’inscription de nouvelles espèces de poissons tant que celle précédemment inscrite n’ont pas été correctement protégées l’illustre parfaitement. On a eu l’impression de se retrouver face à une 3ème guerre mondiale. Se pose alors la question de savoir si derrière tout ça l’enjeu ne serait-il pas aussi de contribuer à l’essor de toutes les filières de substitution (viande synthétique par exemple) aux produits d’origine animale, derrière lesquels on retrouve bien souvent les géants du GAFA ?

  Les inquiétudes grandissantes autour du milieu marin amènent désormais les poissons à prendre une place grandissante au sein des grandes instances. Le requin bénéficie en plus du statut de prédateur, et à ce titre fait partie des totems de la nature. La plupart des espèces de requins se portent bien, mais les O.N.G. restent sourdes aux données du terrain. La protection des requin est un business très lucratif depuis 20 ans, et l’image forte de ces poissons dans l’opinion, toujours présentés comme au bord de l’extinction, leur assure à chaque fois une large mobilisation. Il est temps que les données réelles sur ces poissons puissent être vulgarisées au grand public afin que la raison puisse reprendre le pas sur l’émotion s’agissant de cette espèce.

  Aux États-Unis actuellement, les ONG sont en train de réussir à faire interdire définitivement le commerce des ailerons, contre l’avis des scientifiques de la NOOA, réduisant à néant 20 années de gestion exemplaire des pêcheries de requins dans ce pays. En effet la fin du commerce d’ailerons conduira à la fin des pêcheries car la viande seule n’est pas assez rentable. Et comme la demande de ce produit restant forte aux États-Unis, , comme à chaque fois les scientifiques craignent que ce soit le braconnage qui se substitue aux pratiques légales, afin de répondre à l’offre. La même situation se retrouve à chaque fois s’agissant de produits émanant d’animaux emblématiques dans les stocks se sont bien reconstitués, tel l’éléphant. Une fois encore l’action des O.N.G. amènera des conséquences contre lesquels elles sont pourtant censées lutter.

 Tous ces éléments amènent l’ensemble des pays victimes de ces agissements à se poser la question de la légitimité de la CITES, dans la mesure où cette organisation semble avoir perdu le contrôle, et donc, vis-à-vis de ses membres, la légitimité des décisions adoptées.  Lorsqu’une instance d’un tel niveau se retrouve dans une telle situation, face à de telles remises en question, il semble nécessaire d’adopter en urgence de nouvelles règles afin de retrouver une éthique et une sérénité permettant de répondre à l’équilibre recherché entre la nécessaire préservation des espèces et celui des échanges commerciaux.